Les réflexions fleurissent pour appliquer à l'assurance le modèle « peer to peer » et parvenir à l'autoassurance d'une communauté de personnes formée sur une plate-forme Internet. Mais le modèle économique reste à trouver.
Et si les gens, via le Net, s'assuraient directement entre eux ? Le « peer to peer » serait-il l'avenir de l'assurance ? L'émergence de communautés utilisant Internet pour communiquer, l'explosion des réseaux virtuels ou encore le développement de plates-formes de crédit « peer to peer » conduisent logiquement à se poser la question de la duplication du modèle à l'assurance. Avec l'idée plus ou moins assumée que celui qui trouvera la bonne martingale - inventant l'eBay de l'assurance, en quelque sorte -prendra quelques longueurs d'avance sur ses concurrents, dans un monde où la maîtrise des flux de données est devenue discriminante.
Adapter l'idée mutualiste
Comme le rappellent Jean-Philippe Lavergne, Djamel Souami et Michaël de Toldi, auditeurs au Centre des hautes études de l'assurance (CHEA) (1), « la notion de communauté d'assurés, s'associant dans un but d'assistance, afin d'obtenir la sécurité par l'intermédiaire d'autres personnes s'est pratiquée dans toutes les civilisations et à toutes les époques ». Et de citer les exemples de la tontine accumulative en Afrique de l'Ouest et surtout des mutuelles, associations à but non lucratif dont les membres s'assurent mutuellement contre certains risques. « En France, les dix premiers groupes mutualistes représentent 46 % du marché de l'assurance-dommages et 20 % du marché vie », rappellent-ils.
Tout l'enjeu est donc de savoir ce qu'Internet apporterait à cette notion vieille comme le monde, sachant que, en matière d'assurance, la confiance est le nerf de la guerre, puisque tout repose sur un paiement anticipé d'une prime en échange de la certitude d'être payé en cas de sinistre. Le « peer to peer » est par définition un système sans organe central - et donc sans régulateur -qui peut paraître aux antipodes du caractère extrêmement régulé de l'assurance. « Pour nous, l'assurance "peer to peer" correspondrait à l'autoassurance d'une communauté de personnes formées grâce à une plate-forme Internet et dont les rôles seraient de proposer une mécanique assurantielle (définition de la garantie, tarification, déclaration de sinistres), animer la communauté (sélection et exclusion) et garantir les flux financiers (collecte de primes, paiement des sinistres) », expliquent Jean-Philippe Lavergne, Djamel Souami et Michaël de Toldi. Le concept pourrait être déployé dans une logique solidaire ou élitiste. « On pourrait imaginer que les 10.000 meilleurs conducteurs se regroupent pour s'assurer quasi gratuitement pour les sinistres de tôle ou de mécanique », illustrent-ils.
A moins d'en faire un simple outil marketing, reste à trouver le modèle économique qui irait avec. Signe que l'essai peine à se transformer, le site américain Peertopeerinsurance.com, qui vise les assurance auto et habitation, est à l'origine d'un énorme buzz. Mais il n'est pas encore opérationnel et se limite pour l'instant au recensement des personnes susceptibles d'être intéressées
Source : Les Echos